Passer au contenu principal
Passer au contenu principal

Être témoin

Si vous êtes témoin d’une situation de discrimination, de harcèlement ou de violence à caractère sexuel, vous pouvez agir afin de prévenir ou de faire cesser la situation dont vous avez connaissance. Ces situations ne peuvent être tolérées et le silence et l’inaction contribuent au maintien de la problématique. Afin de maintenir un milieu sain et exempt de harcèlement, il est du devoir de tous et de toutes d’agir pour y mettre fin.

Qu’est-ce qu’un témoin?

Un témoin est une personne qui n’est pas directement impliquée dans une situation, mais qui a le choix d’intervenir, de parler ou tout simplement d’agir. Elle a donc le potentiel d’interrompe ou de prévenir l’évolution de la situation dont elle est témoin.

Il est probable qu’au cours de votre parcours scolaire ou professionnel, vous soyez témoin d’une situation vexatoire, discriminante, harcelante ou de violence à caractère sexuel au moment où elle se produit. On parlera alors de vous comme étant une ou un témoin direct.

Il est aussi fréquent que les personnes soient témoin indirect: c’est-à-dire qu’elles et ils reçoivent une confidence au sujet d’une situation de discrimination, de harcèlement ou de violence à caractère sexuel de la part d’une autre personne.

Près de la moitié des étudiantes et étudiants des établissements d’enseignement postsecondaire au Canada ont été témoins ou victimes de discrimination fondée sur le genre, l’identité de genre ou l’orientation sexuelle (réels ou perçus) (Burczycka, 2019).

Votre rôle en tant que témoin

Souvent, les victimes sont conscientes de vivre une situation difficile, mais ne l'associent pas nécessairement à de la discrimination, à du harcèlement ou à de la violence à caractère sexuel. Un regard extérieur leur permet de mieux comprendre ce qu'elles vivent. En tant que témoin, vous pouvez aider la personne à rompre le climat de peur dans lequel elle se trouve. Pour ce faire, vous n’avez pas à effectuer une enquête ou à détenir des preuves qui documentent la situation. Vous devez plutôt, à partir de doutes sérieux, chercher à aider la personne à briser le silence. Plusieurs actions sont possibles.

Considérez les besoins de la victime

Pour bien accompagner une victime qui se confie à vous, il importe de considérer ses besoins.

Être crue, entendue, soutenue et accompagnée

Vérifiez si elle se sent en sécurité et, si elle le désire, accompagnez-la vers les ressources appropriées.

Être prise au sérieux

Lorsqu’une personne se confie, écoutez son vécu sans prendre la défense de la personne qui aurait commis le geste.

Si vous êtes témoin d’une situation problématique, ne minimisez pas les gestes commis ou leur incidence. 

Être informée et orientée dans les processus

Transmettez-lui des informations justes sur les démarches médicales, de dénonciation et de soutien psychologique. 

Il est important de respecter le rythme de la personne et de ne pas l’inciter à entreprendre ces démarches si elle ne se sent pas prête.

Vous ne savez pas comment agir?

Il est à noter qu’être témoin ou recevoir une confidence peut vous mettre mal à l'aise, et il est possible que vous ne pensiez pas avoir toutes les ressources pour assumer ce rôle. Il importe que vous considériez également votre bien-être et vos limites personnelles.

Le Bureau du respect de la personne (BRP) peut vous accompagner et vous conseiller sur la façon de réagir dans la situation ou de jouer votre rôle de témoin. Contactez-nous pour en discuter.

Un peu plus d'une personne sur cinq aurait été témoin d’une forme de harcèlement ou de violence sexuelle commise par une personne de l’Université Laval envers un autre membre de l’Université (Bergeron et collab., 2016).

Privilégiez certaines attitudes

Lorsque nous sommes témoin direct ou indirect d’une situation inappropriée, il est important de porter attention à notre attitude générale de réponse et de ne pas se positionner en «sauveuse ou en sauveur de la situation». Les conseils suivants vous permettront d’adopter une attitude respectueuse de la victime et de son vécu.

Attitude à privilégier: Il est important de laisser à la victime son pouvoir de décision et d’action. Il s’agit d’une condition essentielle pour la reconstruction de son estime personnelle et de sa guérison. Vous pouvez jouer votre rôle de témoin en lui suggérant des actions à poser, en lui fournissant de l’information juste et en lui offrant le soutien émotionnel dont elle a besoin.  

Attitude à éviter: Contrôler les choix et les actions de la victime, vouloir trop en faire ou  l’empêcher de poser certaines actions.

Attitude à privilégier:  Adoptez une attitude compréhensive face à la situation vécue par la victime et à l’incidence des événements sur son bien-être. Faites preuve d’empathie et prenez en considération ses émotions. Cette dernière souhaite que son expérience soit reconnue et que ses émotions soient reçues comme étant légitimes.

Attitude à éviter: Mettre de l’avant vos propres perceptions et émotions, analyser la situation selon votre expérience ou votre point de vue, mentionner à la victime que sa réaction est exagérée.

Attitude à privilégier: Il y a de fortes chances que la personne qui a vécu une situation non désirée se culpabilise pour les gestes subis ou ressente de la honte. S’il s’agit d’une personne qui se confie à vous, elle a peut-être retourné plusieurs fois la situation dans sa tête en cherchant à comprendre les raisons derrière les comportements dont elle a été victime. Il est donc important de lui offrir une oreille attentive afin qu’elle puisse vous faire part de son expérience et de ses réflexions sans être tenue responsable de la situation et sans que son expérience soit diminuée ou amplifiée. Tentez de rester neutre quant aux informations qui vous sont partagées et de ne pas vous laisser emporter par l’émotion. 

Attitude à éviter: Minimiser ou dramatiser la situation, culpabiliser la victime (questionner les vêtements portés, la consommation d’alcool ou de drogue, la manifestation du consentement, etc.). Juger les actions et les réactions de la victime.

Attitude à privilégier: Il y a de bonnes chances que la victime cherche votre écoute et souhaite que vous reconnaissiez son expérience. Il importe donc de garder à l’esprit que c’est avant tout la perspective de la victime qui compte. Vous pouvez ainsi lui dire qu’elle n’a pas à subir les comportements rapportés ou dont vous avez été témoin et l’inviter à poursuivre sa démarche de dénonciation.

Attitude à éviter: Banaliser les comportements de la personne mise en cause, comparer différents comportements entre eux, les classer selon une «échelle de gravité», mettre de l’avant son expérience personnelle.

Attitude à privilégier: Il est important de donner des informations justes à la victime, qui lui permettront de faire des choix éclairés et de poser les actions nécessaires. Informez-vous auprès du BRP quant aux ressources disponibles en matière de discrimination, de harcèlement ou de violence à caractère sexuel.

Attitude à éviter: Donner de faux espoirs, citer des sources d’information non spécialisées, diriger vers les mauvaises ressources.

Attitude à privilégier: Le témoignage reçu peut être décousu et émotif en raison du traumatisme vécu par la victime: laissez-la aller à son rythme et consacrez-lui le temps nécessaire. Vous pouvez, par exemple, exprimer qu’il est parfois difficile et gênant de parler de situation d’intimité ou de vulnérabilité et que vous trouvez la situation qu’elle a vécue importante. 

Attitude à éviter: Questionner la victime sur le déroulement des événements, la pousser à dévoiler des détails ou insister pour qu’elle complète rapidement certaines étapes.

Attitude à privilégier: Si une personne se confie à vous, c’est qu’elle a probablement perçu une ouverture de votre part et s’est sentie à l'aise d’aborder le sujet avec vous. Souvenez-vous qu’il lui a fallu beaucoup de courage pour vous raconter la situation et que votre soutien peut jouer un rôle important dans son processus de guérison. Il est donc important qu’elle se sente accueillie dans sa démarche de partage. Dans la mesure de vos capacités, accueillez la victime et offrez-lui une écoute bienveillante. N’hésitez pas à vous faire accompagner par le BRP au besoin. 

Attitude à éviter: Ignorer le partage de la victime, lui mentionner ou lui faire sentir que la situation racontée ne vous concerne pas, que vous n’en êtes pas responsable.

Agissez

Pour prévenir qu’une situation de discrimination, de harcèlement ou de violence à caractère sexuel perdure ou se reproduise, vous devez agir. Les actions à poser pour accompagner la victime sont variées.

La présence d’un témoin agissant sur-le-champ diminuerait le risque d’agression sexuelle de 44% (Clay-Warner, 2002).

  • Prenez position. Mentionnez à la personne qui pose les gestes observés que ceux-ci sont inacceptables ou créent une ambiance de travail, d’étude ou de recherche désagréable.
  • Mentionnez à la personne qui subit les gestes qu'elle ne doit pas accepter des comportements qui s'apparentent à de la discrimination, à du harcèlement ou à de la violence à caractère sexuel.
  • Consultez le BRP afin de recevoir des conseils personnalisés et du soutien dans votre intervention pour aider la victime.
  • Invitez les personnes impliquées dans la situation à consulter le BRP.
  • Proposez aux personnes impliquées de consulter le site Web du BRP.
  • Accompagnez une des personnes impliquées à une rencontre au BRP.
  • Informez une personne en autorité des conduites dont vous avez été témoin.

Si la situation nécessite de mettre en place des mesures de protection physique pour la victime ou pour toute urgence, vous pouvez joindre le Service de sécurité et de prévention en composant le 418 656-5555 ou en utilisant un téléphone rouge accessible sur le campus.

Rappelez-vous que le soutien que vous apportez à la victime fera une grande différence

Si vous êtes en position d’autorité, vous avez l’obligation de poser des actions pour faire cesser tous comportements non tolérés par l’Université.

Une personne sur sept a reçu une confidence d’une personne rapportant avoir subi une forme de harcèlement ou de violence sexuelle commise par une autre personne de son milieu universitaire (Bergeron et collab., 2016).

Bergeron, M. et al. (2016). Violences sexuelles en milieu universitaire au Québec: Rapport de recherche de l’enquête ESSIMU. Université du Québec à Montréal. https://chairevssmes.uqam.ca/wp-content/uploads/sites/124/Rapport-ESSIMU_COMPLET.pdf (PDF)

Burczycka, M. (2020). Les expériences de discrimination fondée sur le genre, l’identité de genre ou l’orientation sexuelle vécues par les étudiants des établissements d’enseignement postsecondaire dans les provinces canadiennes, 2019, (numéro 85-005). Statistique Canada. https://www150.statcan.gc.ca/n1/fr/pub/85-005-x/2020001/article/00001-fra.pdf?st=8ilwNDUx (PDF)

Clay-Warner, J. (2002). Avoiding Rape: The Effects of Protective Actions and Situational Factors on Rape Outcome. Violence and Victims. 17(6), 691-705.

Indiana University (2023). Preventing sexual misconduct, Stop sexual violence https://stopsexualviolence.iu.edu/prevention-education/index.html